Biographie
Patrick du Jardin enseigne la biologie végétale à Gembloux Agro-Bio Tech, faculté agronomique de l’Université de Liège, et y conduit des recherches sur la physiologie des plantes. Il est également expert scientifique pour l’Autorité européenne de Sécurité des Aliments (Italie) et pour la Commission européenne, ainsi que membre du Comité consultatif conjoint d’Ethique des instituts publics de recherche agronomique INRA et CIRAD (France).
Résumé de la présentation
Pour une terre vivante :
Les microorganismes, composants essentiels de la santé du sol
Les liens qui unissent les plantes et les bactéries sont très anciens. L’origine de la photosynthèse des végétaux en témoigne, puisque cette propriété a été acquise suite à une symbiose entre des cellules à noyaux et des bactéries photosynthétiques, il y a quelque 1,5 milliard d’années. Aujourd’hui, l’observation des plantes et des bactéries révèle tout un continuum de relations : il y a les bactéries libres du sol, produisant des nitrates ou contribuant à la formation de l’humus, il y a les bactéries dites « de la rhizosphère », qui se concentrent au voisinage des racines, il y a enfin les « endophytes », qui pénètrent au cœur des tissus de la plante, voire de leurs cellules. Grâce à de nouveaux moyens d’investigation, la plante nous apparaît de plus en plus comme un « super-organisme », incluant des bactéries qui ne se limitent pas à un statut de commensal, c’est-à-dire de visiteur opportuniste, mais remplissent des fonctions importantes. La nutrition bénéficie en premier lieu de ces associations, les bactéries aidant au prélèvement de nutriments selon des mécanismes variés. Elles renforcent aussi l’immunité des plantes et leur résistance à des maladies. Elles agissent enfin sur le développement de leurs organes en produisant des substances de nature hormonale. La plante module et entretient ces communautés bactériennes, ou microbiotes, par la sécrétion de substances nutritives et de régulateurs de croissance. Face aux objectifs d’une agriculture durable, plus économe en engrais de synthèse et en pesticides, l’idée s’impose d’exploiter ces microorganismes, qui prennent désormais les noms de biofertilisants, de biostimulants, ou d’agents de biocontrôle. Appliqués aux plantes et aux semences, ils deviennent les « probiotiques » du végétal, et leur action peut être favorisée par des « prébiotiques », parmi lesquels des substances élaborées par la plante. Il est frappant de constater le parallélisme entre la médecine et l’agronomie dans leur reconnaissance tardive du rôle des microbiotes intestinal et racinaire, pourtant essentiel à la nutrition et à la santé des humains comme des plantes.